Jean-Philippe Dallaire, sa vie bientôt en bande dessinée!

Siris et Michel Dallaire à Montréal, automne 2014
Depuis plus d'un an, je travaille en collaboration avec Siris sur la biographie en bande dessinée du grand artiste que fut Jean-Philippe Dallaire. Le scénario de 84 pages va couvrir sa vie de son enfance à sa mort à Vence. Pour nous documenter, nous avons réalisé ensemble une série de belles entrevues. Nous avons commencé par Michel Dallaire, designer réputé et honoré plusieurs fois et un grand homme généreux, franc et direct.
De gauche à droite : Guilhem Rondot, Siris et René Viau.
L'aventure a vraiment commencé avec la rencontre du réalisateur de documentaire Guilhem Rondot et René Viau, biographe de Dallaire (Le cyclope et l'oiseau, Leméac, 2001). Guillem intéressé par notre projet de biographie en bande dessinée, nous a intégré dans son documentaire. Nous sommes donc allés à Ottawa et à Hull avec lui retracer les premiers pas de Jean Dallaire.
Tournage à Ottawa du documentaire sur Dallaire avec Siris et Guilhem Rondot

Une toile religieuse de Dallaire toujours chez les Dominicains à Ottawa.

Siris dans l'ancien atelier de Dallaire chez les Dominicain.

Siris et le réalisateur du documentaire Guilhem Rondot

Siris chez les Dominicains.

Une autre toiles religieuse de Dallaire.

Siris chez les Dominicains devant la toile L'éplucheur de patates.
Jean Letarte, ancien étudient de Dallaire à Québec devant la presse de Dumouchel.
Jean Letarte a étudié avec Dallaire à Québec. Plus tard, il a croisé Dallaire à Paris en 1958. En plus de garder des archives photographiques de l'époque, Letarte a été réalisateur de films d'animation et de documentaires pour Radio-Canada. À la retraite, il se consacre à son art à temps plein.
Jean Letarte montrant deux de ses dessins.
Jean letarte devant une de ses toiles.
Jean Letarte avec une photo de lui datant du début des années soixante quand il croisa Dallaire à Paris.
À gauche, une toile de François Dallaire à l'âge de 10 ans. À gauche une des dernières toiles de son père peint à Vence.
Une autre rencontre majeur fut avec Danielle et Guy Montpetit. Ils furent présent à Vence durant les deux derniers mois de la vie de Jean Dallaire et furent présent lors de son décès. Un autre témoignage inestimable et une très belle rencontre avec des gens extraordinaires et tellement inspirants.
Siris et Guy Montpetit.

Une partie du magnifique atelier de Guy Montpetit.

Guy Montpetit devant des esquisses.

Siris devant une sculpture de François Dallaire.

Moi devant une toile de Guy Montpetit.

Affiches de deux expos de Guy Montpetit.

Siris et Danielle Montpetit.
Copie du journal et échantillon de l'écriture de Jean Dallaire.
Rencontre avec Serge Morin. Bien qu'il possède probablement les archives les plus importantes et complètes sur Dallaire. Un peu méfiant, il nous montra quand même de magnifiques originaux de Dallaire mais refuse de nous donner accès à ses archives.

Bon, je suis tenace et j'ai communiqué avec le musée de Québec qui m'ouvrit les archives de Dallaire et de Pellan. À la fin, j'ai trouvé tout les articles nécessaires à ce projet sans l'aide de Serge Morin.
Siris et Serge Morin, expert de l'oeuvre de Jean Dallaire.
Siris et François Dallaire.
Pour notre dernière rencontre, Siris et moi sommes allés à Kamouraska pour jaser avec l'autre fils de Dallaire, François. ce fut une belle rencontre, très émotive et riche en information et en images! La biographie de René Viau est très riche en informations mais, il était hors de question de proposer une adaptation, on voulait Siris et moi se faire notre propre idée de la vie de Dallaire.
François et deux tableaux de son père.

François et le célèbre autoportrait de son père.

François et un dessin de lui enfant réalisé par son père.


Moi et Siris devant le tréteau de Jean Dallaire, rapporté de Vence en France.
En août 2015, on enfin obtenu une bourse du conseil des arts du Canada pour écrire le scénario et dessiner 84 pages! Ce sera la première BD biographique d'un peintre canadien-français, elle sera publié à la Pastèque.

Jean Dallaire a eu un parcourt fascinant et riche.

Pendant le récit, plusieurs artistes marquants du Québec vont croiser la route de Jean Dallaire et baliser son évolution: Robert La Palme; le célèbre caricaturiste et organisateur de la première exposition d’art moderne québécoise en 1941 à Québec; Charles Maillard, le polémique directeur de l’école des beaux-arts de Montréal qui renvoya Borduas suite à l’écriture du Refus Global; le Dr Paul Dumas, voisin d'appartement à Paris de Dallaire et critique d’art dont les archives sont au musée des beaux-arts de Québec; Alfred Pellan, l’un des plus grands peintres modernes du Canada; Picasso dans une anecdote relayée par Pellan; Jean-Paul Lemieux qui fut son collègue à l’école des beaux-arts de Québec. Jean Letarte, cinéaste d’animation, réalisateur à Radio-Canada et peintre qui fut l’élève de Dallaire. Marcella Maltais, une autre de ses élèves à Québec, peintre qui écrivit le percutant manifeste NOTES D’ATELIER, Guy Montpetit, professeur et peintre.

À Vence en France, il va croiser Chagall, Jean Dubuffet et Jean Carzou. Sans oublier les fils de Dallaire: Michel Dallaire qui est un ingénieur et designer réputé et François Dallaire, graphiste qui eu une production artistique remarquée dans les années 70.

François Dallaire montrant à Siris ses toiles réalisées en atelier avec son père vers l'âge de 10 ans.

Mon ami Siris!

Au milieu des années 80, j’ai découvert les dessins et les toiles de l’artiste et bédéiste Siris, son approche graphique m’a aussitôt fait penser à Jean Dallaire. Siris le connaissait, considérant Dallaire comme une influence importante. Si Dallaire avait fait de la bande dessinée (qu’il aimait bien lire d’ailleurs!), ça ressemblerait au travail de Siris. À partir de ce moment, l’idée d’illustrer une biographie de Jean Dallaire en bande dessinée commença à germer dans nos têtes (oui, ça fait longtemps qu'on y pense!).

Tout en terminant Vogue la Valise vol 2, son autobiographie sur son enfance en familles d’accueil, Siris dessine un démo du chapitre 1 pour cette demande de bourse (NOTE: le volume 1 de Vogue la Valise s’est mérité une nomination aux prix Bédélys Québec 2010, une nomination par Les Amis de la Bibliothèque de Montréal pour l’album québécois de l’année et une nomination au Joe Shuster Awards 2011 - Outstanding Comic Book Cartoonist).

En réalisant cette biographie de Jean Dallaire en collaboration avec Siris, je veux aborder l’histoire d’un québécois pauvre, autodidacte et pétri d’humanisme, démontrant un talent exceptionnel pour le dessin et la peinture. Dallaire voulut créer une oeuvre poétique, réaliste et abstraite et en vivre alors que le Québec était gouverné par des hommes aux valeurs conservatrices qui considéraient que l’art moderne menait à la corruption des mœurs. C'est aussi un Québec avec des crucifix partout, où certains québécois faisaient leurs prières à chaque matin!

En 2016 Jean Dallaire aura 100 ans. Dans les yeux de la société, est-ce que le rôle de l’artiste a changé? Est-ce aussi difficile de vivre de son art au Québec quand on propose une vision unique et originale qui s’éloigne de ce qu’on considère comme contemporain?

Notre défi sur ce projet est de compresser 49 ans de vie, puis de sélectionner les moments marquant de l’histoire personnelle de Dallaire en tandem avec l’histoire concurrente du Québec (le Krach économique de 1929, la Deuxième Guerre mondiale, la grande noirceur, le Refus global et la Révolution tranquille). Nous souhaitons aller au cœur du vécu de Jean Dallaire, pénétrer son intimité et révéler ce qui faisait carburer les idéaux de cet homme respecté et aimé de tout ceux qui l’ont croisé.

Dallaire a passé 4 ans prisonnier dans un Stalag! Le prix de ses sacrifices pour poursuivre son art est énorme (alcoolisme, chicanes de couple, problèmes d’argent incessants, quitte sa famille et ses enfants). Il a eu des périodes de découragement et de déprime, mais il n’a jamais abandonné. Pourquoi? Qu’est-ce qu’il lui permettait de se tenir debout et d’affronter la vie jour après jour pour continuer à peindre littéralement jusqu’à sa mort?

L’auteur Chris Ware affirme que la BD est le moyen idéal pour documenter la mémoire. Siris et moi nous voulons vous prouver qu’un regard éclairant en BD sur la vie de Jean Dallaire va être passionnant, drôle et bouleversant. Que par la lorgnette du passé, il est possible d’apporter une réflexion pertinente sur le rôle de l’artiste dans la société québécoise d’aujourd’hui!

Le scénario est presque terminé et Siris devrait commencer à l'illustrer à partir de janvier 2016.

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